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PRÉPAREZ LE KANGOUROU !


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Préparez le kangourou !
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Sur le fil du temps

Préparez le kangourou !

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Prince et maître des filotempistes, Lénine dans de répétés et patients écrits destinés à la propagande reprend et répète des « schémas chronologiques » qui résument le marxisme, et, peu soucieux du mépris des « dépasseurs » qu’il rencontre à chaque pas, il se bat contre les innombrables dégénérescences et déformations.

Le filotempiste de toutes les générations (depuis qu’il a rejoint la troupe qui se bat pour ces simples schémas historiques diffamés par simplisme et qui sont les acquis en quelques dizaines de lignes des textes classiques) n’est pas ébranlé par les bombardements de culture et d’érudition, d’information et de mise à jour, sous lesquels on veut l’ensevelir. Depuis plus de cent ans, il « sait tout » sur la « civilisation » moderne, bien qu’il ne se passe pas un jour sans que celle-ci ne propose une nouveauté, n’exhibe quelque stupidité et quelque horreur de plus.

Nous nous sommes donné pour but de rabâcher et de faire rabâcher les plus importants de ces schémas filotempistes auxquels aucune mode ni vogue ne nous feront renoncer. Comme nous l’avons dit, Lénine dans ses innombrables écrits de propagandiste nous les rappelle à tout moment. Il laisse « les révisionnistes se mettre à la remorque de la science professionnelle », « les professeurs répéter les banalités de prêtre tant de fois rabâchées contre le matérialisme, et les révisionnistes sourire avec complaisance tout en bredouillant mot pour mot, d’après le dernier Handbuch (nous dirions aujourd’hui le dernier Digest), que le matérialisme a été réfuté depuis un bon bout de temps ».

Dotés de solides estomacs, les marxistes ont depuis longtemps digéré ce dont ils avaient besoin et se foutent des fascicules de « Sélection » des dernières menstruations bourgeoises.

Au lieu d’aller à Curtatone, nous avalâmes un schéma en 1859, dans la préface à la « Critique de l’Economie politique »; et nous n’étions encore que des lycéens. Après avoir bien établi qu’on ne peut juger un homme d’après l’idée qu’il a de lui-même, ni une époque d’après la conscience qu’elle a d’elle-même, mais qu’on doit expliquer l’un et l’autre par les influences de la vie matérielle, on a le schéma suivant : « A grands traits, les modes de production asiatique (jusqu’au VIe siècle avant Jésus-Christ), antique (du VIe siècle avant Jésus-Christ au Ve siècle après Jésus-Christ), féodal (du VIe siècle au XVIe siècle) et bourgeois moderne (du XVIIIe siècle au XXe siècle, il semble que cela suffise) peuvent être qualifiés d’époques progressives de la formation sociale économique. » Bien entendu, dans ce passage, ce n’est pas Marx mais nous qui nous permettons de mettre les siècles du fil du temps; étant entendu qu’on se réfère à l’organisation la plus évoluée sur Terre qui passe de Memphis à Babylone, Athènes, Rome, Aix-La-Chapelle, Londres et ainsi de suite.

Engels nous fournit un schéma encore plus général : état sauvage – barbarie – civilisation. Il l’expose en 1884, effectuant ainsi un travail « légué » par Marx lui-même, dans « L’origine de la famille, de la propriété et de l’État », que Lénine aimait beaucoup et qu’il appela l’œuvre la plus populaire d’Engels. Dans l’état sauvage, l’homme vit en cueillant ce que la nature lui offre, et tout doucement il devient pêcheur et chasseur aux armes primitives. Dans la barbarie, il commence à utiliser le feu : la céramique apparaît, puis l’élevage et une première division générale du travail entre l’artisan et le gardien de troupeaux s’affirme. Nous sommes au seuil de la « civilisation » : l’agriculture stable, le commerce, la monnaie deviennent des éléments prédominants : la société se divise en classes, l’État apparaît. Ce stade historique est à son tour partagé en trois périodes de servitude : l’esclavage, le servage de la glèbe, le salariat. Pour le marxisme, on a l’égalité : civilisation = servitude ! Et aujourd’hui, un des nombreux retours en arrière mensuels – produits par la stérilité d’une société décrépite, de l’utérus de laquelle la violence révolutionnaire n’arrive pas encore à extraire la société nouvelle – nous apporte de Paris avec des gants une relecture du marxisme : l’antithèse Socialisme ou barbarie ! Mais le socialisme est une revanche dialectique et révolutionnaire de la barbarie ! Une revanche du communisme et de la fraternité des premières gentes : et il déblaiera le terrain de ces produits civilisés que furent l’appropriation économique et la domination politique !

Ce jugement sur la civilisation non seulement n’est pas en 1951 un paradoxe de notre cru, mais Engels lui-même tient à le faire concorder avec celui du savant américain Morgan qui écrivit : monogamie et propriété foncière sont les caractéristiques principales de la civilisation; la civilisation est « une guerre entre les riches et les pauvres ». Et le propre jugement d’Engels et de Marx (dont le report demanderait des pages entières) se résume dans ces lignes finales de l’œuvre : « La civilisation a achevé ce que l’antique société des gentes (société gentilice est une mauvaise traduction des éditeurs staliniens : ce terme entraîne une confusion avec les régimes aristocratiques de l’époque féodale, beaucoup plus récents et classés parmi les époques civilisées) n’était pas en mesure d’achever; mais elle l’a fait en mettant en mouvement et en développant, aux dépens de toutes leurs autres dispositions, les passions et les instincts les plus sordides des hommes. La cupidité pure et crue fut le moteur spirituel de la civilisation de sa naissance à aujourd’hui; la richesse, toujours la richesse, non de la société mais plutôt de ce misérable individu, fut l’unique but qu’elle s’assignât » … « Le fondement de la civilisation est l’exploitation d’une classe par une autre »« Pour les barbares, la différence entre les droits et les devoirs n’existait pratiquement pas… La civilisation est ce qui attribue à une classe tous les droits et à l’autre tous les devoirs ».

« Socialisme ou barbarie » n’est pas notre alternative. Pour celui qui a dans les veines une goutte de dialectique révolutionnaire, c’est au contraire : Civilisation ou Socialisme !

En continuant la succession magnifique des schémas (ceux qui n’ont pas su les digérer en un siècle voudraient les dépasser chaque semaine), nous n’aurons pas besoin de rappeler celui de Lénine dont nous avons tant débattu : guerres de systématisation nationale 1789–1871; guerres de rapine impérialiste à partir de 1871 à ensuite.

Dans un autre schéma, Lénine condense dans une synthèse concise le déroulement historique du mouvement marxiste. Formulée la première fois de façon organique en 1848, la doctrine marxiste jusqu’en 1871 n’est suivie que par une petite partie du mouvement ouvrier encore imprégné de formes prémarxistes. Durant la période orageuse au cours de laquelle s’achèvent les révolutions bourgeoises, les socialismes prémarxistes déclinent et disparaissent, et l’antagonisme de classe entre les capitalistes et prolétaires se dessine nettement. Pendant la période « pacifique » de 1872 à 1904 dont sont absents les mouvements révolutionnaires, le socialisme marxiste gagne du terrain et les grands partis européens surgissent. D’après Lénine (qui écrivit ceci en 1913), une troisième période de guerres et de révolutions, où le marxisme révolutionnaire doit guider la lutte directe du prolétariat, s’ouvre avec la révolution russe de 1905 et le devenir impérialiste du capitalisme. Pour Lénine durant cette période, l’entrée en lutte des masses asiatiques est pleine de signification et il prévoit que l’explosion de révolutions antiféodales comme celles de Chine, de Turquie et de Perse ne pourront pas être enfermées dans des formes bourgeoises.

Pendant toutes ces périodes, le marxisme lutte en même temps contre les doctrines et les mouvements adverses et déviationnistes. Notre « argument » tout à fait léniniste, à nous ceux de gauche, est que pour bien définir la méthode révolutionnaire, il faut mettre au point de temps en temps les différences entre les courants qui paraissent à première vue « similaires », au lieu d’aller chercher sans arrêt des alliés et des blocs.

Voici l’autre classification de Lénine : 1840–45 : les marxistes luttent contre les résidus d’idéalisme hégéliens, surtout en Allemagne. 1845–50 : ils luttent en France contre le proudhonisme, qui tend à une conception bourgeoise et conservatrice des revendications ouvrières. 1850–60 : ils liquident le quaranthuitardisme, c’est-à-dire le tas d’idéologies démocratiques et humanitaires qui veulent atteler le mouvement ouvrier à des buts petits-bourgeois. 1860–70 : ils luttent contre les conceptions anarchistes et libertaires qui dévient les travailleurs du problème du pouvoir politique et de la dictature. 1870–80 : en travaillant à la formation de grands partis, ils luttent contre les erreurs théoriques comme celles de Dühring, tactiques comme celles de Lassalle. 1890–1900 : ils luttent contre les courants révisionnistes (Bernstein) qui croient la période idyllique et pacifique définitive et veulent rendre graduelle la conquête du socialisme rejetant la vision de la « catastrophe ». Lénine a fait cette revue en 1908. Mais on peut la continuer. 1900–10 : la lutte se poursuit contre les révisionnistes qui en Russie, malgré la persistance du tsarisme, voudraient faire l’économie de la méthode révolutionnaire; dans les pays latins ils développent dans le syndicalisme sorélien un autre « économisme » tout aussi creux. 1910–20 : Lénine lui-même est à la tête de la grande lutte contre le social-chauvinisme et le reniement de la lutte de classe en temps de guerre. 1920–25 : la lutte théorique, politique et organisative contre le social-démocratisme légalitaire est menée à fond. Lénine meurt en plein travail de ce qu’il avait prévu en 1915 comme « la renaissance du socialisme révolutionnaire », intransigeant, insurrectionnel, puisqu’il considérait « la lutte contre le révisionnisme comme le prélude des grandes batailles révolutionnaires contre toutes les faiblesses et les hésitations des éléments petits- bourgeois ».

Sur ce point, quand on a vu de 1925 à 1950 le mouvement de la Troisième Internationale, constituée par Lénine avec ce bagage, adopter une par une, affichant même une fausse orthodoxie doctrinale, toutes les positions déviationnistes de 48, proudhoniennes, social-nationales, social-pacifistes, collaborationnistes, et utiliser comme méthode tactique et comme drapeau d’agitation une politique démocratique, arrangeante, constitutionnelle, patriotique, le choix entre deux conclusions s’impose. Ou tous nos schémas sont rejetés et on proclame l’échec de la titanique force marxiste à découvrir les lois essentielles du déroulement historique, retombant ainsi dans un empirisme politique avisé et prudent comme celui des si nombreuses vagues philo-ouvriéristes et socialoïdes contre lesquelles on s’était désespérément battus et que nous croyions à la mort de Lénine avoir jetées à terre pour toujours; ou bien la période de ces 25 années est marquée par la plus grave dégénérescence marxiste, face à la réaction de quelques faibles groupes. Et il faut attendre une période ultérieure de reconstruction du mouvement classiste, contre la praxis de collaboration politique entre capitalistes et mouvements prolétariens, sur le plan national et sur le plan mondial.

Ou l’on considère toute la construction menée sous les directives de Marx et de Lénine comme effondrée, ou bien tout ce que le mouvement autrefois communiste a développé à partir de 1925 est renié comme étant le plus catastrophique des révisionnismes. C’est l’un ou l’autre.

On ne saurait considérer et accepter comme une surélévation un schéma historique que de nombreux écrivains staliniens n’ont même pas essayé, du genre : 1925–40 époque de « contre-révolutions » pendant laquelle, tandis que les données techniques et économiques capitalistes ne régressent pas mais progressent dans le même sens super-industriel et super-impérial, s’établissent des pouvoirs qui menacent par le biais des institutions libérales le patrimoine commun aux prolétaires, aux classes populaires, et aux bourgeois… honnêtes. 1940–45 : Seconde Guerre mondiale qui n’a pas les caractères des séries impérialistes de Lénine, mais qui répète ceux de 48 et de libération nationale. 1945–50 : du côté prolétarien, on aspirait après la libération à la liquidation de la lutte civile intérieure et de la lutte militaire mondiale entre les forces capitalistes et prolétariennes dans une période d’émulation pacifique : mais quelques groupes capitalistes reprennent l’offensive et l’agression…

Mais tout ceci n’est que la chaîne de l’histoire réduite à beaucoup d’anneaux brisés ou tordus ! Tout ceci ne tient pas debout ! Il faudrait retomber dans un désespoir similaire à celui des anarchistes et des nihilistes, décrit après le 1905 russe. Nos contradicteurs avaient raison et nous nous rabattons tout penauds sur les positions défendues jusqu’en 1848 : non, l’histoire n’a pas d’épine dorsale; c’est un travail théorique et pratique inutile que de suivre le chemin tracé par le parti… De temps en temps, un esclave fouetté jusqu’au sang pousse un cri de bête féroce et, frappant le persécuteur, est éliminé d’une façon ou d’une autre mais ce sera toujours comme ça.

Aujourd’hui

Le dialogue MacArthurTruman met le monde capitaliste en ébullition. Mais ses enseignements ne devraient pas étonner les marxistes : ils sont d’une terrible évidence. Les considérations technico-militaires du général cité plus haut sont évidentes : sans même avoir un seul feuillet de ses nouvelles caisses de documents, nous y faisions allusion dans les « Fils du Temps » avant décembre. La prédominance américaine en Extrême-Orient est manifeste : il est absurde d’attribuer aux Russes le projet d’attaquer là, au bout de l’unique voie du transsibérien. Celle-ci ne suffit qu’à ravitailler les garnisons de paix : les Nord-Coréens ont eu plus de ravitaillements anglais de Hong-Kong que russes de la Sibérie; pourquoi pas, ajouterons-nous, américains ? Il faudrait aux Russes une grande marine marchande et de guerre : ils ne l’ont pas, les Anglais y ayant veillé depuis un siècle, et ils ne peuvent l’improviser. D’accord pour l’aviation et les sous-marins, a répondu le général interrogé, mais leur fonction est (il l’a fait comprendre) défensive, insuffisante pour une agression mondiale.

En substance, MacArthur dévoile, sans faire trop d’histoires, qu’il a une politique commune à celle de Truman et de tout l’impérialisme américain : conquérir la Chine. Il faut tenir solidement le Japon et Formose. La Chine ne sera pas soutenue par la Russie, le seul problème est la façon de la maîtriser et de la contrôler : militairement ou économiquement ? MacArthur estime en substance comme étant plus adéquat un certain degré d’agression à coup de canon, et les autres pensent que les dollars suffiront. D’une façon ou d’une autre, il s’agit d’avoir Mao. C’est toujours la même histoire que d’ailleurs Churchill nous infligea à nous Italiens : le bâton et la carotte. Chaque Italien a eu un coup de bâton en tant que fasciste, une rondelle de carotte en tant qu’anti-fasciste.

Dans la discussion avec les sociaux-patriotes, Lénine part de ce qu’a dit Clausewitz : la guerre est la continuation de la politique.

MacArthur a haussé les épaules quand on lui a posé le problème de l’agression russe en Europe. Ils feront comme moi leurs calculs techniques, a-t-il dit. On ne peut qu’émettre des hypothèse sans aucun sens sur ce qu’ils ont l’intention de faire. Le militaire sait que le déterminisme joue dans l’histoire. Comme les généraux russes, MacArthur a parlé des mesures qu’il faudra prendre selon les hypothèses dont aucune ne sera négligée; mais il a déclaré, tout comme les Russes, qu’il était pour l’abolition et la conjuration de la guerre, parce qu’elle « est la fin de la civilisation ».

Le « proconsul », le « criminel de guerre », si l’on gratte un peu, se révèle être un « partisan de la paix ».

Nous les connaissons bien, nous que la « paix » attendrit aussi peu que la « civilisation », les trésors sur lesquels veillent les MacArthur et les Rokossovski.

La Russie, en tant que peuple et armée, n’est pas notre ennemi, a dit MacArthur aux sénateurs et il a répété une phrase de Truman : notre ennemi est le communisme en général. Et nous devons le combattre partout où il se trouve.

Par conséquent, comme en Russie, les divisions et les armes atomiques américaines sont prêtes à combattre le communisme partout en Europe, en Amérique.

Merci au général pour ses propos clairs et durs : nous voici revenus à la position classiste.

De l’autre côté, on ne répond pas à MacArthur et à Truman que notre ennemi n’est pas le peuple ou l’armée américaine; notre ennemi est le capitalisme à chaque endroit où il se trouve.

De l’autre côté, on dit qu’on est disposé à respecter le capitalisme partout, et qu’on veut une paix durable, laissant le communisme à la Russie. Une telle déclaration, qui serait, si elle répondait à la situation réelle, la mort du « classisme », ne s’explique que parce qu’elle provient de forces et d’organismes qui ne reflètent ni le prolétariat ni le communisme.

Mais le classisme ne se laisse pas chasser de l’histoire, même s’il parle dialectiquement par la bouche du général impérialiste autant que par celle des maréchaux soviétiques.

Lénine avait écrit textuellement : « L’état d’esprit des masses en faveur de la paix exprime un principe de protestation, d’indignation, et de conscience du caractère réactionnaire de la guerre. L’utilisation de cet état d’esprit est le devoir de tous les socialistes. Ils prendront une part très vive à tous les mouvements et à toutes les démonstrations concernant ce sujet. Mais ils ne tromperont pas le peuple en admettant qu’est possible, sans mouvement révolutionnaire, la paix sans annexions, sans oppression de nation, sans rapine, sans germes de nouvelles guerres entre les gouvernements actuels, entre les classes actuellement dominantes. Un pareil mensonge favoriserait la diplomatie secrète des gouvernements belligérants et leurs plans contre-révolutionnaires. Celui qui veut une paix durable doit être pour la guerre civile, contre les gouvernements et contre la bourgeoisie. »

Donc, le dénouement de la terrible période historique qui a débuté avec la révolution russe de 1905 et la Première Guerre mondiale impérialiste de 1914 ne se fera pas sans que le choc des classes, prévu par Marx et Lénine, ne dépasse les entreprises des états-majors militaires, et il ne donnera pas lieu à des périodes pacifiques, populaires et progressives, avant que ce conflit social n’ait repris le premier plan sur la scène de l’histoire.

Le même proconsul de l’impérialisme en Orient l’a compris et a posé sa candidature et celle de ses congénères non pas pour être chef d’une entreprise nationale qu’il a voulu conjurer, mais chef d’une guerre de classe : le communisme, voici l’ennemi.

En 1913, Lénine terminait l’œuvre que nous avons rappelée en disant : « Il faut puiser non du désespoir mais du courage dans le fait que 800 millions d’Asiatiques ont été entraînés dans la lutte pour les mêmes buts européens. Après l’expérience de l’Europe et de l’Asie (et le technicien de guerre a porté cette expérience dans la salle du congrès bourgeois de Washington !), celui qui parle d’une politique non classiste et d’un socialisme non classiste mérite tout bonnement d’être exposé dans une cage avec un kangourou australien. »

Le titre que nous avons choisi pour ce Fil n’était donc pas, celui-ci non plus, une élucubration de notre part. Depuis que « la période pacifique de 1872–1904 appartient à un passé révolu pour toujours », les propositions d’alliance et de collaboration interclassiste, même de gouvernements pacifistes interclassistes, sont les produits de la décomposition du marxisme-léninisme encore plus absurdes et indignes que celles d’alors.

Dans cette seconde moitié du siècle qui s’ouvre, la cage au kangourou est à l’ordre du jour de l’histoire.[1]

Notes :
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  1. Notes des traducteurs :
    Une traduction de ce texte est déjà parue dans « La gauche communiste », N° 5 – 6.
    Curtatone : importante bataille de la première guerre d’indépendance italienne contre l’Autriche entre Toscans et Autrichiens le 29 mai 1948. Les Toscans réussirent à bloquer l’armée autrichienne, ce qui permit à l’armée piémontaise de se disposer à Goito où elle put livrer victorieusement bataille aux Autrichiens de Radetzky. [⤒]


Source : « Battaglia Comunista » N° 10, 1951. Traduit dans Invariance, septembre 1994. Traduction incertaine, se reporter à l’original.

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